Un fonds de pension américain a porté plainte devant un tribunal de Manhattan.
Un nouveau scandale se dessine pour la planète finance. Ces derniers mois, certains banquiers ont tremblé au son du Libor – le taux de référence établi à Londres qui a été manipulé – provoquant des démissions de dirigeants de banques et des amendes record. Ce chapitre n’est pas encore clos qu’un autre s’ouvre déjà : l’étau judiciaire se resserre autour de banques soupçonnées d’avoir manipulé les taux de change des monnaies mondiales.
Dernier épisode en date de cette saga,
un fonds de pension basé dans le Massachusetts vient de porter plainte contre sept grandes banques dont Barclays, ou encore Citigroup devant un tribunal de Manhattan. Le Haverhill Retirement System – c’est son nom – les accuse d’avoir violé la loi américaine antitrust et de s’être mises d’accord pour manipuler les taux WM/Reuters. Ces derniers sont utilisés pour déterminer le prix sur les marchés de devises, ils sont publiés toutes les heures pour 160 monnaies, et toutes les demi-heures pour les 21 les plus échangées. Les autres établissements cités dans la plainte sont Credit Suisse et UBS, JPMorgan Chase, Deutsche Bank et Royal Bank of Scotland (RBS). Selon les avocats du fonds – qui a porté plainte au nom d’autres investisseurs se trouvant dans un cas de figure similaire, les manipulations présumées ont affecté le marché de devises, mais aussi les retraites ou les comptes d’épargne qui suivent les indices mondiaux.
Mises à pied
Avant même cette plainte, les régulateurs internationaux aux Etats-Unis mais aussi en Suisse, au Royaume-Uni et en Asie avaient déjà commencé à enquêter sur ce marché où se traitent chaque jour près de 4.000 milliards de dollars. Les banques ont d’ailleurs bien perçu le message. Récemment, Citigroup, JP Morgan, Deutsche Bank ou encore UBS ont révélé qu’elles travaillaient avec les autorités. Même chose pour Barclays – l’un des plus gros traders mondial de devises – qui, la semaine dernière, a annoncé coopérer et avoir ouvert une enquête interne. Surtout, elle aurait suspendu trois de ses traders en devises, selon l’agence Bloomberg citant « une personne ayant une connaissance de la décision ». Il ne leur serait toutefois rien reproché. D’autres mises à pied de traders en devises ont été constatées ces derniers jours : deux personnes ont ainsi suspendues chez RBS, là non plus sans qu’aucun reproche ne soit formulé. Sans commenter spécifiquement, son CEO, Ross McEwan, a promis d’agir « sévèrement sur quiconque n’aura pas respecté les règles ». A Londres, croit savoir Bloomberg, trois traders senior auraient connu le même sort chez Citigroup, JPMorgan Chase et enfin chez Standard Chartered.
L’affaire a commencé en juin dernier après des soupçons selon lesquels des traders dans certaines banques auraient fait connaître leur position via un service de messagerie instantanée, exécuté leur opération avant celle de leurs clients, et enfin cherché à manipuler le panel WM/Reuters. En août, l’agence Bloomberg avait rapporté des pics d’activité récurrents au moment du calcul de cet indice.